Marceau Pivert : écrits et interventions, par Robert Duguet

 

Réflexions sur l'engagement socialiste...

La dégradation du parlementarisme bourgeois a contribué à l'impuissance de ce grand parti... Le parti socialiste était littéralement imprégné d'idéologies petites-bourgeoises et de toutes les illusions qui caractérisaient les milieux dirigeants avant la première guerre mondiale : réformisme systématique, transformation dans le cadre de la légalité, passage graduel du capitalisme au socialisme, confiance illimitée dans les institutions parlementaires bourgeoises, croyance puérile dans l'efficacité de la participation ministérielle... incapables de penser internationalement, les « petits bourgeois qui se croient socialistes » ont simplement contribué à abuser un bon nombre de militants révolutionnaires. La majorité des députés socialistes ne croyaient pas à la lutte des classes et méprisaient dangereusement ses règles fondamentales... 

…Jouhaux et Belin n'ont pas été autre chose que d'ignorants prétentieux ; Frachon et Racamond, comme Thorez et Duclos n'ont jamais été plus que de serviles employés du satrape de Moscou ; Paul Faure n'a jamais donné de preuves de valeur, n'étant pendant longtemps que le complice aveugle ou intéressé de Léon Blum. Mais Léon Blum n'est pas un ignorant, ni un employé servile, ni même un homme dénué de valeur. Sa culture raffinée et sa connaissance des principes fondamentaux de la recherche marxiste aggravent considérablement ses responsabilités. Léon Blum est aujourd'hui aux mains des pires jésuites et des fascistes. Les travailleurs français doivent l'arracher à cette parodie de justice. Au début de ce siècle, c'est eux qui ont imposé la révision du procès du capitaine Dreyfus, faussement accusé de trahison et victime d'un Etat-major férocement réactionnaire ; en 1917, c'est eux qui ont empêché Clemenceau d'envoyer au peloton de Vincennes le grand bourgeois Joseph Caillaux, bien qu'il n'ait pas valu grand-chose ; et c'est eux qui feront tout leur possible pour empêcher l'inévitable dans la sinistre pièce montée à Riom par les marionnettes de Hitler.

Mais ce sera pour soumettre les coupables (ceux-là et ceux qui se permettent de les juger) à la véritable justice du peuple. Le jour de rendre les comptes viendra, sans aucun doute. Alors, les ouvriers et les paysans qu'il a si cruellement trompés, feront comparaître devant le Tribunal populaire le vieux chef du parti socialiste. Ils n'auront pas à la bouche l'injure avilissante, ni au cœur la haine, parce qu'ils sont d'une nature... généreuse et au-dessus des préjugés raciaux ; ils ne parleront pas de peine de mort, de cette peine de mort que son ami Sérol veut appliquer aux internationalistes. Non, parce que cette peine ne fait pas partie de l'échelle des peines socialistes. Mais leur jugement sera de ceux auxquels Léon Blum est le plus sensible, parce que, à peine sortis de l'enfer de la guerre et de la dictature, ces travailleurs lui diront : « Léon Blum, vous nous avez dupés, vous n'êtes pas des nôtres, vous n'avez jamais été des nôtres »

Tiré de « Où va la France » écrit au Mexique en 1941

 

Présentation, par Robert Duguet, gestionnaire du site

Ce site se conçoit dans une mise à jour permanente : je présente à mes lecteurs un travail qui est en construction, l’objectif que je me suis fixé est de regrouper l’ensemble des écrits de Marceau Pivert, ainsi que les contributions d’autres auteurs susceptibles d’enrichir ce dossier. C'est donc aussi un appel à contribution...

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Une vie au service du socialisme (1895-1958)

Marceau Pivert est né le 2 octobre 1895 à Montmachoux, petit village aux confins de la Brie dans une famille pauvre : son père, Maximin est journalier agricole et sa mère Julie fait des ménages chez l’instituteur du village. La famille s’élève quelque peu socialement en ouvrant près de Montereau une boutique qui fait office dans un village d’épicerie, de mercerie, de graineterie, de café et de bazar. Parents et grands-parents sont issus de souche paysanne, hostiles à la fois au « château » et au curé. Si on est anticléricaux en revanche on respecte rigoureusement la propriété privée, milieu social naturellement rallié au radical-socialisme...

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Chronologie:

Ouvrages consacrés à Marceau Pivert:

(disponibles au format pdf)

Marceau Pivert, de la défense des conquêtes laïques à la République sociale, par Robert Duguet

Marceau Pivert est né le 2 octobre 1895 à Montmachoux en Brie, dans une famille pauvre qui s’élèvera socialement en ouvrant un commerce d’épicerie, de mercerie, de graineterie, de café et de bazar. On est anticlérical, hostiles aussi bien au « château » qu’au curé, mais on respecte la propriété privée. Les grands pères côté maternel et paternel, d’origine paysanne, sont libres penseurs et militants radicaux-socialistes. Son père Maximin est aussi militant de la Libre Pensée, puis évoluera vers la SFIO en 1914. Dans la formation de la conscience laïque la question de la Libre Pensée a son importance...

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