Hélène ou le Règne végétal - Quatre Poèmes d'Amour à Hélène

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Titre

Comme un fleuve s'est mis
Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
chevaux de l'amour me parlent de rencontres (Les)
Derrière les rideaux et l'épaisseur du temps

 

 

 

 

 

 

Comme un fleuve...

 

Comme un fleuve s'est mis

A aimer son voyage

Un jour tu t'es trouvée

Dévêtue dans mes bras

 

Et je n'ai plus songé

Qu'à te couvrir de feuilles

De mains nues et de feuilles

Pour que tu n'aies point froid

 

Car t'aimais-je autrement

Qu'à travers tes eaux vives

Corps de femme un instant

Suspendu à mes doigts

 

Et pouvais-je poser

Sur tant de pierres chaudes

Un regard qui n'aurait

Eté que du désir ?

 

Vierge tu réponds mieux

A l'obscure sentence

Que mon coeur fait peser

Doucement sur ton coeur

 

Et si j'ai le tourment

De ta métamorphose

C'est qu'il me faut aimer

Ton amour avant toi.

 


 

 

 

 

 

 

Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires...

 

Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires

Dans les années de sécheresse quand le blé

Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe

Qui écoute apeurée la grande voix du temps

 

Je t'attendais et tous les quais toutes les routes

Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait

Vers toi que je portais déjà sur mes épaules

Comme une douce pluie qui ne sèche jamais

 

Tu ne remuais encore que par quelques paupières

Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées

Je ne voyais en toi que cette solitude

Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou

 

Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie

Ce grand tapage matinal qui m'éveillait

Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays

Ces astres ces millions d'astres qui se levaient

 

Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres

Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau

Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères

Où nous allions tous deux enlacés par les rues

 

Tu venais de si loin derrière ton visage

Que je ne savais plus à chaque battement

Si mon coeur durerait jusqu'au temps de toi-même

Où tu serais en moi plus forte que mon sang.

 


 

 

 

 

Les chevaux de l'amour me parlent de rencontres...

 

Les chevaux de l'amour me parlent de rencontres

Qu'ils font en revenant par des chemins déserts

Une femme inconnue les arrête et les baigne

D'un regard douloureux tout chargé de forêts

 

Méfie-toi disent-ils sa tristesse est la nôtre

Et pour avoir aimé une telle douleur

Tu ne marcheras plus tête nue sous les branches

Sans savoir que le poids de la vie est sur toi

 

Mais je marche et je sais que tes mains me répondent

O femme dans le clair prétexte des bourgeons

Et que tu n'attends pas que les fibres se soudent

Pour amoureusement y graver nos prénoms

 

Tu roules sous tes doigts comme des pommes vertes

De soleil en soleil les joues grises du temps

Et pose sur les yeux fatigués des villages

La bonne taie d'un long sommeil de bois dormant

 

Montre tes seins que je vois vivre en pleine neige

La bête des glaciers qui porte sur le front

Le double anneau du jour et la douceur de n'être

Qu'une bête aux yeux doux dont on touche le fond

 

Telle tu m'apparais que mon amour figure

Un arbre descendu dans le chaud de l'été

Comme une tentation adorable qui dure

Le temps d'une seconde et d'une éternité.

 


 

 

 

 

Derrière les rideaux...

 

Derrière les rideaux et l’épaisseur du temps

Sans toi comme les nuits sont froides mon enfant

 

Le sommeil et la rue sont pleins de gens d’hôtel

Qui parlent haut et brisent tout quand je t’appelle

 

Et je t’appelle malgré tout et je sais bien

Que dans ces battements de cœur tu me reviens

 

Que tu recrées de douces mains à ton usage

Et que le vent léger rallume ton visage

 

Afin que je le vois dans l’épaisseur du temps

Comme une flamme toujours vive mon enfant.