De droite à gauche: Jan van Heijenoort, André Breton, Léon Trotsky et Diego Rivera (Mexico 1938)
Notices de présentation:
L’Afrique du Nord : une leçon de démocratie, par Marc Loris
Se basant sur un examen du système économique et la structure sociale des grandes nations modernes, les marxistes désignent la guerre actuelle comme une guerre impérialiste. La civilisation capitaliste a dépassé son apogée et les deux grandes guerres mondiales représentent des tentatives désespérées de l’impérialisme pour émerger d’une situation sans issue. La tâche de ceux qui veulent œuvrer à un développement supérieur de l’humanité n’est pas de collaborer à cette entreprise sans espoir mais d’ouvrir une issue en posant les fondements d’un ordre social nouveau. Cette vérité fondamentale est obscurcie pour un temps par des considérations superficielles comme « la défense nationale », « la lutte pour la démocratie », « la lutte contre la ploutocratie », etc. Cela correspond dans les masses à des sentiments plutôt vagues, dont la propagande gouvernementale s’empare, qu’elle pervertit et utilise pour dissimuler les objectifs réels de la guerre...
Où va la France ? par Daniel Logan
Le fait que les armées allemandes aient été si vite chassées de France n'est pas seulement dû à la supériorité militaire des Anglo-Américains, car la débâcle a été accélérée par le soulèvement du peuple français. A Paris et dans la deuxième ville de France, Marseille, les masses se sont soulevées, ont pris le fusil, dressé des barricades et chassé troupes allemandes et fascistes français avant l'arrivée des troupes alliées. Cette action a été imitée dans plusieurs villes moins peuplées. Dans les campagnes, les bandes de guérillas, le « maquis » ou, ainsi qu'on les a respectablement baptisées, les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) avaient conquis des villes et des villages, des départements entiers...
Mésaventures politiques de la bourgeoisie française, Marc Loris
La défaite militaire de la France a été suivie d'un développement politique notablement différent de celui des autres pays envahis par l'impérialisme allemand. Alors que les gouvernements hollandais et norvégiens transportaient simplement leur mobilier de La Haye et Oslo à Londres, le gouvernement français s'effondra, son essai de se rendre en Afrique du Nord pour continuer la guerre échoua et il céda la place à un nouveau régime...
Le conflit entre de Gaulle et Giraud, par Marc Loris
Il faut suivre de très près les événements d'Alger. Nous assistons là à un regroupement politique de la bourgeoisie française. Les difficultés qui apparaissent dans ce processus nous enseignent beaucoup sur l'avenir de l'Europe. Ecrasée militairement en juin 1940, la bourgeoisie française, sous la direction du gouvernement Pétain, s'est engagée dans la voie de la « collaboration ». mais avec les difficultés militaires allemandes, cette voie l'a conduite dans une impasse et le gouvernement de Vichy n'a aucune perspective d'avenir à offrir. La bourgeoisie française atomisée doit se regrouper autour d'un nouveau centre politique...
Darlan et les libéraux, par Marc Loris
L'accord de Washington avec l'amiral Darlan en Afrique du Nord a porté un rude coup au mythe de la démocratie qui dissimulait les objectifs réels de cette guerre. Maintenant Darlan le geôlier œuvre avec Eisenhower et Roosevelt à « libérer » la France. Chacun peut voir combien ils ont les mains sales, ceux qui apportent la liberté aux peuples d'Europe. Tous les idéaux démocratiques se sont soudain prostitués à un degré qui semblait impossible à beaucoup il y a seulement quelques semaines...
Tâches révolutionnaires sous la botte nazie, par Marc Loris
L’oppression nazie est passée sur l’Europe comme un rouleau compresseur. Sur tout le continent il ne reste maintenant entre le pouvoir nazi et la population aucune organisation légale dans laquelle les masses puissent trouver asile et se regrouper. Après la destruction des partis politiques et des syndicats, le travail de destruction a été étendu même aux organisations les plus neutres et les plus insignifiantes, car les nazis avaient peur — et à juste titre — que même la plus petite d’entre elles ne devienne un point-cristallisation de résistance. Les nazis ont introduit leurs agents jusque dans les groupes les plus petits, proposant d’adhérer à « l’Ordre Nouveau » ; même les collecteurs de timbres des organisations furent gleichgeschaltet.(Mis au pas)...
Le procès de Riom : la vérité sur la « démocratie » française, par Marc Loris
La vie politique de la zone non-occupée en France est une vie de prostration. « Asseyez-vous et taisez vous » semble être la maxime officielle. La presse suit servilement les directives d'une censure qui surveille tout, y compris la taille des caractères pour les titres. Elle fronce les sourcils devant toute polémique et seul le silence répond à la campagne enragée que la presse de Paris d'inspiration nazie déchaîne contre « la bande de Vichy ». Il est normal que l'octogénaire Pétain incarne ce paternalisme sénile.
L'Europe sous le talon de fer, par Marc Loris
Cet article se propose avant tout de donner des informations pour le lecteur non-européen sur la situation existant maintenant sur le continent qui fut pendant des siècles le guide de l'humanité. Nous réservons pour un autre article l'examen des perspectives et de nos tâches politiques. Les informations utilisées ici proviennent de bulletins et de revues spéciales, de conversations de l'auteur avec des personnes venant d'Europe et finalement de communications privées reçues d'Europe par des canaux clandestins...
France : baromètre tempête, par Marc Loris
De toute évidence, la vie politique française est entrée dans une nouvelle phase. Le gouvernement Pétain a abandonné l’espoir de rassembler le pays autour de lui par son paternalisme bienveillant ; il essaie maintenant d’une main tremblante de faire claquer son fouet. Le caractère bonapartiste de ce gouvernement a été notablement accentué dans la dernière période. Dans son discours du 12 août, Pétain a reconnu que tout le pays était contre lui et qu’avec les baïonnettes allemandes, le seul soutien du régime était la police. Son régime repose sur une base si mince qu’il est secoué par les plus minimes changements...
Perspectives pour l’Europe, par Marc Loris
Pendant la première guerre mondiale impérialiste, les troupes allemandes occupaient à l’ouest la Belgique et un sixième du territoire français, outre un certain nombre de pays d’Europe centrale et des Balkans. Mais l’existence d’un front et ses continuels changements de tracés donnaient aux conquêtes allemandes un caractère précaire. Une grande partie de la population civile avait été évacuée et il n’y avait guère d’activité agricole ou industrielle dans les pays envahis...
La question nationale pendant la guerre, par Marc Loris
La question nationale en Europe (1942)
Avec la guerre civile américaine, les guerres de l'unification italienne, les guerres de la Prusse contre l'Autriche et la France, le troisième quart du XIXème siècle marque la fin de l'époque de la formation des grands Etats bourgeois. Cela ne signifie pas pour autant que les questions nationales aient cessé de préoccuper l'humanité. On en est loin. Le développement inégal du capitalisme se manifeste en ce domaine comme ailleurs.
Coup d'œil sur le passé
Le problème national se posait alors de façon aiguë à un certain nombre de peuples de l'Europe centrale et du sud-est. Laissons de côté la lutte irlandaise, le problème alsacien de l'Allemagne, les questions catalane et basque en Espagne ; il y avait les nationalités opprimées des deux grands empires semi-féodaux, l'Autriche-Hongrie et la Russie, et ceux qui surgissaient de la désintégration de l'Empire ottoman. Le problème national en Europe apparaissait alors essentiellement comme un vestige de la grande tâche d'émancipation créée par la transition du féodalisme au capitalisme mais que ce dernier avait été ensuite incapable de résoudre totalement...
Le mot d'ordre de République en Italie et sa discussion dans le SWP , par Daniel Logan
Au début de juin 1944, les troupes alliées sont entrées dans Rome et la question de l'existence de la monarchie italienne est passée au centre de la politique italienne. J'ai observé pendant plusieurs semaines l'attitude de The Militant sur cette question. Le journal l'a simplement ignorée, conformément à sa politique antérieure qui a été, pendant des mois, d'ignorer complètement le problème des revendications démocratiques en Italie. Je décidai d'écrire un bref article sur ce problème. Il est daté du 9 juillet 1944, et, quelques jours plus tard, fut présenté au Secrétaire faisant fonction, le camarade Morris Stein et au camarade E.R. Frank...