Hélène Cadou à Orléans,

par Jean François Jacques.



 

Les grandes périodes de la vie d’Hélène Cadou sont bien connues. Son adolescence heureuse à Nantes, l’irruption magnifique de René Guy Cadou dans sa vie en 1943 – et les presque 8 années de vie radieuse qui ont suivi, puis, à la mort de René, 42 ans de vie Orléanaise avant le retour à Louisfert et Nantes. De cette vie Orléanaise, nous connaissons surtout son métier de bibliothécaire, son dévouement inlassable à l’œuvre de René, et le développement de sa propre œuvre poétique à partir de 1977, avec « Les pèlerins chercheurs de trèfle », première édition d’une longue série chez Rougerie ou Jacques Brémond. Deux plaquettes avaient précédé, en 1955 & 1958, chez Seghers.

Sur cette longue période Orléanaise, je voudrais ici m’attacher plus particulièrement à son intense implication professionnelle et militante dans la vie culturelle de la ville, particulièrement dans les années 60 et 70 : c’est un aspect de sa biographie beaucoup moins connu. Je le ferai en particulier en évoquant quelques-unes des personnalités avec lesquelles elle a travaillé : car il n’y a pas de hasard, disait-elle, il y a surtout l’ange qui a toujours veillé sur elle, et cet ange l’a mise en présence de personnes d’exception.

Tout d’abord, sa carrière de bibliothécaire.

Au lendemain du 22 mars 1951, Hélène est démunie. Elle savait depuis de longs mois ce qui l’attendait, mais le silence qu’elle s’imposait faisait qu’elle ne pouvait en aucun cas s’y préparer. Mais il faut vivre : elle espère un temps reprendre le poste d’instituteur de René, l’Académie ne veut pas ; elle hésite devant d’autres voies, heureusement les amis veillent.

A Orléans, le peintre Roger Toulouse avait été initié à la poésie de l’École de Rochefort par son ami Max Jacob, rencontré en 1937. Il était venu à Louisfert en 1947, dès ce moment très fidèle à René Guy et Hélène, puis en 1948, ils se revoient au moment du transfert des cendres de Max Jacob en 1949. Il deviendra un fidèle des poètes de l’École : Bouhier, Manoll, Bérimont… Il connait aussi Roger Secrétain : celui-ci était une personnalité hors du commun. Largement autodidacte, excellent violoniste, journaliste, spécialiste de Nietzsche, de Péguy, de Montherlant (qu’il a préfacé pour La Pléiade), il est aussi un ami de Max Jacob et un bon connaisseur de Cadou. En 1951, il est directeur de La république du Centre, avant d’être élu député en novembre 1951, conseiller municipal en 1953, puis Maire d’Orléans de 1959 à 1971. Tous les deux proposent à la ville de recruter Hélène à la Bibliothèque municipale. Avec Marguerite Toulouse, ils sont ainsi de très fidèles amis et soutiens. Hélène est tout d’abord logée à Orléans chez les parents de Marguerite, quai Saint-Laurent, dans le petit logement où la précéda Max Jacob en 1942.

Hélène prend son poste le lundi 10 septembre 1951, comme rédactrice auxiliaire. C’est le début d’une longue carrière de bibliothécaire, ponctuée de promotions. Elle se forme au métier en passant le Certificat d’aptitude aux fonctions de bibliothécaire, qui vient d’être créé, en choisissant la spécialité « Jeunesse » : cela lui permet d’être titularisée. En 1961, la Ville créée un poste de Bibliothécaire de 2ème catégorie, qu’elle obtient après avoir passé un concours. Courageuse, elle reprend ses études de philosophie pour passer en 1978 le certificat qui lui manquait pour la licence. Cela lui permet de progresser encore, et d’être nommée bibliothécaire de 1ère catégorie : à l’époque, il n’y avait pas de grade de Conservateur municipal, le grade étant réservé au personnel d’état nommé dans les bibliothèques classées. Elle continue, avec un certificat de philosophie politique en 1979 pour accompagner sa maîtrise, obtenue en 1980 avec mention très bien. Bien sûr, son sujet de mémoire est une « Méditation sur le thème de la mort dans « Poésie la vie entière de René Guy Cadou ». Elle en tirera « Une vie entière », aux éditions du Rocher.

Quand elle arrive en 1951, Georges Bataille vient d’être nommé à Orléans, venant de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras où il ne se plaisait pas. Il reste à Orléans jusqu’en mai 1962. Bien entendu, Hélène connaît l’œuvre ; il écrira à Orléans certaines de ses œuvres les plus fortes. Hélène noue une relation amicale avec son épouse Diane. Elle apprend à connaître l’excellent directeur de bibliothèque qu’il est, et devient vite son adjointe. Tous les deux font progresser la lecture publique à Orléans et dans ses environs : création d’une véritable bibliothèque pour la jeunesse, d’un bibliobus urbain et périurbain, d’une véritable section de prêt, et bientôt d’annexes. Hélène est ensuite chargée du fonds d’étude, crée un fonds de livres d’artistes et de bibliophilie contemporaine … Au départ de Bataille, nommé à Paris peu avant sa mort, elle assure de mai à septembre l’intérim de la direction.

François Hauchecorne succède à Bataille. Il arrive de la Bibliothèque nationale d’Alger (où il exerçait depuis 1948) en septembre 1962. Le hasard fait qu’il est un ami de son beau-frère André Jacques, époux de la sœur d’Hélène, Jeannette, et parrain de leur fille. Nouveau tandem, efficace et novateur, à une époque de grand développement pour la ville d’Orléans avec la création de l’Université et du quartier de la Source, sous l’impulsion du Maire Roger Secrétain. Une très belle bibliothèque annexe est créée.  Hélène est très active dans la préparation des expositions organisées par la Bibliothèque municipale d’Orléans :

  • Jean Cocteau et le groupe des six, 1970
  • Georges Bataille, 1971
  • Antonin Artaud, 1972
  • Max Jacob, 1973
  • « Bestiaire : un poète, un peintre, Jean Rousselot et Roger Toulouse », 1976

 

Hélène Cadou bénéficie de la part de la ville d’une très grande confiance. Le Maire Roger Thinat et le Secrétaire général, Lionel Marmain, lui proposent en 1972 de diriger le Service des Affaires culturelles de la ville. En septembre, elle retire sa candidature : « Peut-être donnez-vous à la partie administrative et financière du Service des Affaires culturelles une place trop importante. Les propositions de coordination que vous formez sont par contre tout à fait dans la ligne de ce que je souhaiterais…. Je regrette que vous retiriez votre candidature » lui écrit Roger Thinat, le 19 septembre 1972. Par ailleurs, les projets menés à bien à la Bibliothèque comme à la Maison de la Culture la mettent en relation épistolaire ou directe avec un grand nombre de personnalités qui la marquent, et… qu’elle marque : Alain Cuny, Maurice Blanchot qui lui adresse une très belle lettre sur la nécessité du « silence » concernant la vie privée de Bataille, Gabriel. Monnet, Bernard Noël, etc.

De ses activités concernant René Guy, très nombreuses, je ne retiendrai ici que les deux expositions importantes consacrées à René Guy Cadou : celle de la Maison de la Culture de Bourges, conçue en 1965 par Bernard Richard en collaboration avec Hélène, suivie de celle du CRDP d’Orléans 1979, conçue par Larousse.

François Hauchecorne meurt brutalement le 9 septembre 1981, c’est un déchirement pour Hélène qui ne retrouvera pas avec ses successeurs la complicité créative qu’elle a pu avoir avec lui.

La Maison de la Culture d’Orléans.

En mars 1967, une cinquantaine de personnes réunies par François Hauchecorne décident de travailler à l'implantation d'une action culturelle permanente et à la construction d'une maison de la culture. Olivier Katian, directeur de la Comédie d’Orléans depuis deux ans, va pouvoir mettre en œuvre ses projets novateurs. Le maire, Roger Secrétain, offre provisoirement la Maison de Jeanne d’Arc réaménagée. Hélène devient présidente de la maison de la Culture, officiellement dénommée « Centre d’animation culturelle d’Orléans et du Loiret » (CACO).

En mars 1967, une cinquantaine de personnes réunies par François Hauchecorne décident de travailler à l'implantation d'une action culturelle permanente et à la construction d'une maison de la culture.

S’ouvre alors une période extraordinaire, où le trio qu’elle forme avec Olivier Katian et Louis Guilloux fait preuve d’une vitalité, d’une imagination et d’une efficacité admirables.

Je cite Hélène, qui écrit fin 1968, dans un texte accompagnant le document d’adhésion pour l’année 1969 - 1970  :

« Comme le disait Guillaume Apollinaire, cet homme habité par le futur, il faut « embrasser d’un coup d’œil le passé, le présent et l’avenir », et, surtout, cesser de les percevoir contradictoirement.

Si cette continuité n’est pas inscrite, au départ, dans notre dessein, si cette volonté d’invention ne nous anime pas, nous ne ferons que répéter, rassurer, remédier.

Il s’agit, au contraire, d’ouvrir à tous les portes d’un domaine privilégié qui peut devenir quotidien. Certes, la Maison de la Culture ne sera pas une fin en elle-même mais une possibilité parmi d’autres, car la Maison de la Culture idéale serait finalement le carrefour, le marché, la ville elle-même.

Nous n’en sommes pas là. Mais nous pouvons, du moins, tenter de faire que naisse une relation nouvelle entre les personnes et les manifestations dites culturelles ou artistiques, nous pouvons espérer qu’au mouvement d’instruction gratuite et généralisée lancée au début de ce siècle réponde à notre siècle, comme un nouveau pas en avant, une facilité d’accès aux richesses artistiques réservées jusqu’ici à une minorité jugée seule apte à les recevoir ».

Ce texte évoque une partie du « programme » de la Maison de la culture à venir, dont la construction débutera en 1973. Ce programme prévoit en particulier une novation importante : un pavillon réservé aux enfants : « Musée pour enfants », discothèque, coin lecture, salle de jeux, atelier d’expression libre.

Dans une lettre adressée à Hélène Cadou et Olivier Katian le 20/12/1967 (soit quelques mois après la création du CACO)  le photographe René Maltête reprend ainsi ce programme :

« Sur le plan local, je suis enthousiaste. Je crois que cette Maison de la Culture est une grande chance pour Orléans. Une chance qui doit s’étendre, s’amplifier pour longtemps. Une maison ouverte à tous les vents de la pensée, de la sensibilité. Une maison pour tous et pas seulement pour les favorisés et que je souhaite un jour fréquentée par tous. Une maison dont le but est de rendre l’homme meilleur, parce que mieux informé. Ne subissant plus la loi des tricheurs, des démagogues, des mauvais bergers. Une Maison pour rendre l’homme plus lucide, plus sensible et plus responsable. »

Un autre texte évoque la place du livre et de la bibliothèque :

« Une conception traditionnelle avait fait des bibliothèques un sanctuaire où reposent, denrées de luxe et rarissimes, des objets au caractère sacré véhiculant une pensée réservée à une élite. Or les livres sont, entre autres et avant tout, des stimulateurs à la création car ils ne constituent qu’une proposition qui trouve – ou non -un achèvement dans l’esprit de celui qui la reçoit. » Suit une longue énumération des caractéristiques de la bibliothèque idéale à ses yeux : dynamique, échange, gratuité, considération du livre pour ce qu’il peut apporter et non en tant qu’objet, etc.  (vous trouverez ce texte in extenso dans la version numérique de cette intervention).

Louis Guilloux, l’inspirateur.

René Guy Cadou avait fait la connaissance de Louis Guilloux par l’intermédiaire de Julien Lanoë, et bien sûr de Max Jacob. Après plusieurs années de correspondance et d’admiration réciproque, ils se retrouvent aux obsèques tardives de Max Jacob le 5 mars 1949.
Hélène Cadou, lui propose de devenir Conseiller culturel de la Maison de la Culture, dès 1968. Il avait participé à Saint Brieuc à la création d’une « Maison du peuple », nom tiré de son roman, lieu symbolique de l’éducation et de la culture populaire. Il vient donc régulièrement à Orléans, où ses convictions en faveur d’une action culturelle qui aurait d’abord les publics comme principaux acteurs, où la relation de tous aux artistes et aux mouvements créateurs primerait. Louis Guilloux, humaniste et pragmatique : « La question n’est pas de savoir quel est le sens de cette vie, mais qu’est-ce que nous pouvons en faire ? ». Louis Guilloux,indépendant : « Sachons rester libres de ne pas se conformer à une image ».
Je cite ses Carnets 1944-1974 (Gallimard 1982), à la date du 8 mai 1968 : « Je me sentais assez fatigué en arrivant à Orléans, où Hélène Cadou et Olivier Katian sont venus me chercher à la gare, mais cette fatigue a complètement disparu dès le début de la soirée à la maison de la culture où le débat était sur la violence, à propos du meurtre du pasteur King, de celui de Bob Kennedy et des évènements récents à Paris et en France. … [le lendemain, ils se rendent tous les trois à Beaugency, puis à La ferté Saint-Aubin] « …et, revenant à Orléans, nous avons appris que, dans la nuit, un commando de cent à cent cinquante « paras » - ou soi-disant tels – avaient chassé, à six kilomètres d’Orléans, au campus de La Source, les étudiants qui occupaient les lieux, et fait un certain nombre de blessés. On nous avait prévenus, d’autre part, que le même commando avait annoncé son intention de procéder aujourd’hui même, à une autre expédition contre la maison de la culture où nous devions, à partir de quatre heures, reprendre le débat de la veille sur la violence […] Nous n’avons pas cru, pour autant, renoncer à la réunion promise […] Tout s’est passé très calmement. Hélène Cadou, effrayée par une assez étrange visite de deux inconnus chez elle ce matin, a décidé à l’instant de ne pas rentrer chez elle et de passer la nuit en ville, à l’Hôtel. » A travers l’anecdote, ce texte exprime bien et les thématiques du moment, et la détermination des trois acteurs !

Olivier Katian, le troisième acteur.

Une interview d’Olivier Katian pour la revue ATAC-Informations de mai 1975, peu avant l’ouverture du « Carré Saint-Vincent » qui va abriter la MCO, donne une idée précise du projet culturel qui les anime : « Je suis Orléanais, je veux être parmi les orléanais, vivre leur vie, voir les problèmes en fonction de leurs conditions de vie. On a une vocation d’implantation, d’abord. C’est un des facteurs principaux de l’action culturelle. Il s’agit de nous sentir issus d’un besoin non exprimé mais que nous devons percevoir en vivant au milieu des gens […] Et pour vivre cette implantation, je dis priorité aux expositions qui touchent le maximum de public, priorité à l’animation qui fait vivre le spectacle. Je suis beaucoup plus homme d’action culturelle qu’homme de spectacle ».

D’autres acteurs culturels collaborent avec Hélène au sein du CA de la MCO.
Le plus proche fut sans doute Guy Dandurand, professeur à l’École normale d’Orléans, collègue et ami de Roger Toulouse, écrivain et poète, excellent analyste de Georges Bataille comme des œuvres de Toulouse. « Il savait avec infiniment de modestie partager son savoir et faire naître l’enthousiasme » : ainsi est-il décrit dans un  Il est décédé en 2007. 

Il y eut notamment, pour une période brève mais dense, Bernard Richard, qui, une vingtaine d’année plus tard, à la DRAC des Pays de Loire, œuvrera très efficacement, avec d’autres, pour Louisfert. Bernard Richard est le secrétaire général de la Maison de la Culture de Bourges, et, en 1965, commissaire de l’hommage qu’elle consacre à René Guy Cadou. Hélène Cadou collabore donc avec lui. En 1969, elle se tourne vers lui quand elle cherche un chargé de relations publiques. Intéressé par la perspective de la publication d’un mensuel dont Louis Guilloux ferait l’éditorial, Bernard Richard accepte. Presque aussitôt, dès l’été 69, Bernard Gilman, adjoint à la Culture de Hubert Dubedout à Grenoble, lui propose de diriger le théâtre et l’action culturelle de la ville. « Je n’ai donc travaillé que quelques mois à Orléans, m’écrit-il, à mon grand regret, car j’étais en très bons termes avec la merveilleuse Hélène et avec le remarquable Louis Guilloux. »

La fin de l’aventure.

Marc Baconnet, inspecteur pédagogique régional, qui lui succéda à la présidence de l’association, qui m’écrit : « … Quand Hélène Cadou a su que c’était Irène Ajer qui était nommée directrice de la MCO, elle a immédiatement démissionné de la présidence, car elle se méfiait beaucoup d’une personne qui venait du ministère (Irène Ajer était dans l’entourage de Gaëtan Picon, bras droit de Malraux). Cela a surpris le maire de l’époque, Roger Thinat, qui n’a pu qu’accepter la démission et m’a alors demandé d’assumer la présidence. […] Mais nous avons continué à avoir de bons rapports. Grande dame, distinguée et réservée, elle m’impressionnait et je fus triste de la voir partir. Elle cachait une grande sensibilité et une réelle préoccupation des autres, elle savait accompagner et conforter les interrogations et les doutes des créateurs qu’elle fréquentait, comme le peintre Roger Toulouse, grand ami de René Guy Cadou, et aussi moi-même, quand je lui ai donné à lire le manuscrit de mon premier roman. Elle connaissait les affres de la création et savait aider ceux qui se confiaient à elle. »

Hélène annonce cette démission au Maire le 13 juin 1977, et la confirme par une lettre du 14 juin 1977, adressée au ministère de la Culture.

Au sein du Conseil d’administration de la MCO se trouve aussi en 1971 William Marois, recteur d’académie à Nantes – mais à l’époque jeune étudiant. Voici le témoignage qu’il a communiqué à Noëlle Ménard, qui diffère un peu : « Présidente, elle gérait avec beaucoup d’engagement la MCO alors dirigée par Olivier Katian. […] Il y avait une vraie dynamique culturelle durant ces années ; Olivier Katian dirige, anime, crée. L’association de gestion accompagne ; Hélène Cadou discrète mais engagée est très présente. » Fin 1975, se tient la première assemblée générale après le départ d’Olivier Katian : « Hélène Cadou et moi-même sommes, avec d’autres, candidats à notre renouvellement. Mais nous ne fûmes ni elle, ni moi, réélus… Certains milieux culturels s’étaient organisés et il fallait probablement solder « l’ère Katian », l’ère d’une culture pour tous dont Hélène Cadou était le symbole (et moi-même aussi accessoirement). Je ne sais comment elle a vécu ces évènements. Mais au regard de son engagement, alors qu’elle n’avait compté ni son temps ni son énergie pour créer et faire vivre la MCO, je considère que ce fut une terrible injustice et la manifestation d’une profonde ingratitude de la part de certains milieux. Pour ce qui me concerne, à 21 ans, j’avais travaillé avec une femme remarquable. »

C’est bien la fin de l’aventure MCO ; elle en sort couverte d’honneurs : Ordre du Mérite en 1975, Arts et Lettres en 1982. Mais c’est aussi le début d’une autre période de la vie d’Hélène Cadou : celle de son importante production poétique, qui lui vaut le prix Verlaine en 1990. Elle commence avec « Les Pèlerins chercheurs de trèfle » en 1977. Suivent 21 recueils et deux livres sur René Guy, un nombre très important de conférences, de rencontres, d’animations en milieu scolaire, jusqu’à son retour à Nantes et Louisfert en 1993. Mais c’est une autre histoire pour Hélène Cadou, si discrète et si forte, toujours à la fois dans le quotidien et le futur à la fois :

A n’y pas croire
Chaque matin
Le don de vie.

L’arbre boit le soleil

Pour grandir

Un enfant court
La parole s’ébroue
Ici et là

Si peu de temps
Pour dire
Ce jour furtif
Qui se nomme aujourd’hui.…